Si vous avez déjà eu l’occasion de voir de l’intérieur une maison japonaise traditionnelle, vous avez peut-être été frappé par un détail : l’absence de chaise. Ou du moins l’absence de chaises tel que nous les connaissons en Occident. En effet, au Japon on ne retrouve pas de chaises surélevées sur quatre pied ni de table haute dans la pièce de vie, mais des tables souvent très basses et ce qu’on appelle des zabutons en guise de chaise.
Que sont vraiment les zabutons, les coussins japonais traditionnels ?
Comme vous pouvez le voir sur la photo, les zabutons sont des coussins, généralement carrés, d’une taille allant de 50 à 70 centimètres que l’on pose à même le sol afin de s’assoir. Ils sont souvent utilisés en duo avec un zaisu, une chaise sans pieds à laquelle on ajoute donc un zabuton pour la rendre plus confortable.
Origine des zabutons
Le fait de s’assoir par terre sur un coussin n’est pas nouveau au Japon. C’est une habitude qui a été prise depuis des siècles, lors de l’époque Muromachi (1336-1392), lorsque l’architecture japonaise s’est développée et à commencée à intégrer des tatamis dans les maisons. De cette nouvelle architecture est donc né une nouvelle façon de s’assoir par terre qui se nomme seiza, ainsi que des coussins (zabutons) pour rendre cette position plus confortable.
Comment s’assoir sur un zabuton ?
Vous n’êtes pas sans savoir que le je Japon est un pays très respectueux et qu’il existe de nombreuses règles à connaitre pour bien se tenir. Les japonais avaient d’ailleurs illustrés leurs bonnes manières lors de la coupe du monde de football en 2018 en nettoyant derrière eux les tribunes du stade. Les joueurs avaient quant à eux prit le temps de nettoyer leur vestiaire et de laisser un mot sur lequel était inscrit “merci” en russe ainsi que des origamis en symbole de paix. Les japonais ont donc des règles pour manger et s’exprimer avec courtoisie tout comme nous en avons, mais il s’avère qu’ils en ont aussi pour s’assoir correctement.
Au Japon certaines positions assises ont été jugées inappropriées alors que d’autres ont été adoptées. Parmi celles-ci, le seiza, la position assise que nous avons mentionnée juste au dessus et qui est utilisée pour s’assoir sur un zabuton.
Pour s’assoir en position seiza commencez par vous agenouiller sur le sol en pliant vos jambes. Prenez soin de faire reposer vos fesses sur vos talons et de tourner légèrement vos chevilles vers l’extérieur. Une fois assis, faites superposer un de vos gros orteils par dessus l’autre et reposez vos mains sur vos genoux. Vous voilà désormais en position seiza !
Si vous avez prit le temps de faire l’expérience vous constaterez rapidement que cette position ne nous est pas naturelle et qu’elle se trouve même être gênante au bout de quelques minutes. En effet, avant de pouvoir s’assoir en position seiza il vous faudra quelques heures de pratique derrière vous et c’est précisément pour rendre cette position plus confortable que les zabutons existent. Néanmoins, vous êtes bien libre de vous assoir comme il vous plaira sur un zabuton dès lors où il se trouve chez vous. Le principal reste quand même de s’y sentir à son aise. Il en existe même pour les plus petits comme cet ours en peluche kawaii en forme de zabuton japonais.
L’utilisation des zabutons dans la culture japonaise
Dans la culture japonaise, les zabutons ne s’utilisent pas uniquement pour manger, lire ou regarder la télévision dans une maison. Ces coussins japonais traditionnels se sont depuis largement répandus au delà des frontières du foyer et sont utilisés dans de nombreux cas de figures comme pour la méditation.
Les zabutons dans la méditation
Peut-être le saviez-vous mais le Japon est un pays qui pratique beaucoup la méditation de part sa forte influence des religions bouddhiste et shintoïste. Par conséquent, les pratiquants utilisent souvent des coussins de méditation pour rendre la pratique plus agréable et qu’il soit plus facile de concentrer son attention.
Ces coussins là sont donc généralement des zabutons car ils ont l’avantage d’être confortable et de ne pas prendre trop de place. De plus, ils permettent de se stabiliser plus facilement et donc de bien garder le dos droit lors la pratique méditative.
Les zabutons dans la lutte japonaise
Traditionnel
Lorsqu’on est un sumo au Japon, il y a bien un objet que l’on convoite particulièrement. Cet objet c’est le shimenawa, une corde sacrée en torsades de paille de riz que seul le yokozuna est autorisé à porter. Le yokozuna est le rang le plus élevé que peut atteindre un sumo, il en a existé seulement 72 depuis 1789. Mais quel est donc le rapport entre un yokozuna et un zabuton ?
Lors d’un combat qui oppose le yokozuna à un autre adversaire sumo, les spectateurs avaient pour habitude de lancer sur le ring le zabuton qui leur servait de chaise en cas de défaite du yokozuna. Cependant, cette tradition a été abolie il y a une dizaine d’année et les zabutons sont désormais attachés entre eux afin d’éviter qu’ils ne soient jetés. Cette décision a été prise car il a été vu dans cette pratique une sorte d’humiliation public pour le yokozuna défait, plutôt que d’une gratification pour le sumo gagnant.
Les zabutons dans le théâtre comique japonais
Peut-être avez-vous déjà entendu parler du rakugo, ce théâtre japonais qui a émergé pendant la période d’Edo (1603-1868) qui consiste à mimer et raconter une histoire drôle sous forme de monologue.
Seul handicap pour l’orateur, ce dernier doit rester assis sur un zabuton du début jusqu’à la fin de son récit. Il est souvent vêtue d’un kimono et possède uniquement un éventail et une petite serviette nommée tenugui pour mimer son histoire et faire rire son public. Si vous êtes intéressé par le rakugo, il existe encore aujourd’hui des yose à Tokyo qui sont les lieux où se déroulent ces spectacles et où vous pourrez y assister.
Les zabutons dans les prisons
Il ne circule que très peu d’informations sur ce sujet car ce qu’il se passe dans le milieu carcéral japonais reste bien souvent assez loin de nos oreilles européennes (hormis pour monsieur Ghosn). Cependant, il serait monnaie courante pour les codétenus d’une cellule de donner son zabuton au chef, probablement en gage de respect ou de soumission.
Comment intégrer les zabutons dans sa décoration d’intérieur ?
Après avoir vu ce qu’était les zabutons et quelle était leur place dans la culture japonaise, il est légitime de se demander comment il serait possible d’intégrer ces coussins japonais dans une décoration qui n’est à la base pas destinée à les accueillir. C’est à dire une décoration qui n’est pas forcément adaptée à la venue de ces coussins et qui ne possède donc pas de table basse en guise de table à manger, ni même de tatami pour accueillir les coussins à même le sol.
Désymboliser les zabutons
Il est assez contre naturel de vouloir faire perdre le symbolisme et l’image culturelle qu’à acquis le zabuton au cours de ces derniers siècles au Japon après avoir passé notre temps à y donner de l’intérêt. Cependant, comme nous venons de le voir, une des caractéristiques majeure des zabutons reste leur qualité à se rendre utile dans de nombreux cas de figures et dans de nombreuses situations. En effet, il s’agit d’un coussin et par conséquent un coussin ne se trouve pas être un objet à usage unique, il peut être utilisé dans plusieurs endroits.
Ainsi, il serait intéressant de voir plus loin encore et essayer d’élargir le champ des possibles de ce qui pourrait être fait avec ces coussins. Par là nous entendons que les zabutons ne devraient plus être cantonnés à être des coussins conventionnels sur lesquels il faut s’assoir avec les genoux pliés, les chevilles tournées vers l’extérieur et les mains posés sur les genoux. Il ne faut bien sur pas chercher à oublier cette culture traditionnelle qui incarne les règles de politesses japonaises et qui fait une des principales beauté de ce pays. Mais sans vouloir tuer ces bonnes manières, il peut être opportun de chercher les modérer pour justement pouvoir faire découvrir aux autres cultures des objets comme le zabuton.
Car bien qu’il soit possible de populariser un produit d’une culture à l’autre si les deux y trouvent un intérêt commun. Il est néanmoins beaucoup plus difficile de faire adopter à une culture un ensemble d’habitudes et de règles à suivre vis-à-vis de ce même objet. C’est l’idée que nous essayons de faire passer à travers le zabuton. Ce coussin pourrait en effet trouver de nombreux adeptes en Occident, non pas pour sa fonction première de coussin chaise et son utilisation codifié. Mais simplement par simple attirance envers le produit auquel de nombreuses utilisations diverses et variées pourrait émerger selon les besoins de chacun.
Quelques idées pour adopter les zabutons chez soi
Il est évident que certains auront déjà une plus ou moins grande attirance envers le produit car ils y verront un objet en total accord avec la culture zen, qui permet par ailleurs d’instaurer avec délicatesse une ambiance reposante dans une pièce. De plus, quelqu’un qui pratique régulièrement la méditation trouvera naturellement utile de posséder un zabuton, et quelqu’un qui ne possède pas énormément de place chez soi n’aura pas la liberté décorative que peut avoir quelqu’un possédant une maison avec de l’espace.
Rond
Cependant, il est certain que les zabutons, pour le peu de place qu’ils occupent, trouvent toujours leur place dans un appartement ou une maison et permet d’ajouter une petite touche de personnalité et de confort à un espace de vie. En adopter chez soi permet ainsi de venir casser les décorations traditionnels avec chaises, tables, meubles et étagères et donner un côté informel et chaleureux à une pièce, qu’il s’agisse d’un salon ou d’une chambre.
Premièrement, bien que nous n’utilisons pas les tables basses pour déjeuner et dîner comme peuvent le faire les japonais, elles restent quand-même assez répandues et présentent dans nos habitations. Par conséquent, il n’est pas difficile de venir placer quelques zabutons autour qui pourront servir de chaises, sans forcément s’y assoir de façon formel, tout en décorant la pièce et en y ajoutant une petite touche japonaise. Attention cependant à tenir un sol propre pour faire en sorte que les coussins ne deviennent pas des nids à poussière. Pour palier à ce problèmes les japonais n’entrent jamais avec des chaussures dans une maison, ce qui permet de tenir un sol (tatami) impeccablement propre.
Autre que le salon, les zabutons peuvent également trouver leur place dans une chambre afin d’y déposer des vêtements provisoirement. Mais également pour faire office de repose tête pour lire le soir ou regarder la télévision, ou bien même y faire dormir un chat qui se ferait sans aucun doute à malin plaisir à dormir dessus et y laisser plein de poils.
De la sorte, les zabutons ne limitent plus à leur usage premier de simple chaise traditionnel. Mais ils deviennent des vrais coussins de la vie de tous les jours qui peuvent être utiliser dans de très nombreux cas de figures, le tout en donnant à notre petit chez-soi une touche chaleureuse à l’effigie de la culture japonaise.