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L'HISTOIRE DES ÉVENTAILS AU JAPON

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Les éventails ont un long passé historique au Japon et pour cause, de nombreuses légendes s’accordent à dire que le c’est le pays par excellence des éventails pliables modernes que nous connaissons aujourd’hui.

Arrivée des éventails au Japon

Origine des éventails japonais

Les premières traces des éventails au Japon remontent à Fukuoka au VIème siècle après JC. Des peintures murales datant de cet âge ont été retrouvées sur un tumulus, elles représentaient un éventail de style chinois. 

En effet, même si cela peut aller à contre courant de la pensée universelle, les éventails ne sont pas des objets d’origine japonaise mais chinoise. Ils ont été importés de Chine pendant la période de la dynastie Han lorsque la Chine avait encore une forte influence sur la cour aristocrate japonaise. Il existait à l’origine deux types d’éventails différents : 

  • Les tuan shan : Ce sont les ancêtres des éventails pliables que nous connaissons aujourd’hui. Ce sont ceux qui ont été adoptés presque partout dans le monde car jugés plus efficace et plus pratiques que les bian mian. Il existe cependant bien d’autres familles d’éventails pliables que nous verrons par la suite.
  • Les bian mian : Ce type d’éventails, également appelé “éventail écran”, présente une surface assez rigide couplée à un manche qui permet d’agiter le tout. Bien qu’ils soient pour la plupart aujourd’hui délaissés au profit des éventails pliables, ils étaient très populaires au temps de la cour chinoise et japonaise.

Dans la famille des éventails pliants on retrouve trois grands types d’éventails principaux, ceux à plumes, les pliants classiques et finalement les éventails pliants brisés. La plupart d’entre eux possèdent des légendes quant à leurs origines et bien qu’il soit aujourd’hui prouvé que l’éventail a été importé de Chine, il est toujours amusant d’écouter les folklores mystiques des histoires japonaises.

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Mythes et légendes sur l’origine des éventails au Japon

La première légende nous explique l’origine des éventails japonais pliants brisés. Ce sont des éventails qui, à l’inverse d’avoir une toile unie, possède un ensemble de lamelles généralement en bois qui sont attachées en leur extrémité pour pouvoir ouvrir l’éventail. Cette légende est assez brève. Elle nous raconte simplement que le premier artisan à avoir créé un tel éventail serait un fonctionnaire japonais qui, s’amusant à la cour à empiler des objets en bois et en ivoire, fabriqua sans même le savoir la toute première ébauche de cet objet traditionnel : un mokkan (ancêtre de l’éventail japonais pliable brisé).

La deuxième légende nous parle elle de l’origine des éventails pliables classique, c’est à dire avec une toile qui sert d’élément principal pour faire du vent. Il s’agirait donc d’un certain Toyomaru, habitant de la province de Tamba, qui aurait eu l’idée de créer cet objet après avoir vu les ailes déployées d’une chauve-souris lors du règne de l’Impératrice Jingū (209-269).

Finalement, la dernière légende qui fait allusion à l’origine des éventails au Japon est elle un peu plus loufoque. Il s’agirait de la veuve d’un grand samouraï, Taira Atsumori, qui aurait eu l’idée des éventails pliables après avoir utilisé un papier pliable lors d’une incantation destinée à soigner un abbé.

Pour conclure, aucune de ces légendes semblent vraiment convaincre quant à la réelle origine des éventails. Il est très probables qu’elles aient été inventées dans le but de donner une explication à l’origine de ces derniers qui, comme nous allons le voir, sont devenus par la suite des objets très populaires à la cour. Cependant, l’histoire a finit par rattraper les mythes et nous pouvons aujourd’hui affirmer que même si l’utilisation de l’éventail a été plus importante à la cour japonaise qu’à la cour chinoise, c’est bien à la Chine que nous devons l’invention des éventails.

Première référence littéraire des éventails au Japon

Comme nous venons de le voir, la terre natale des éventails est la Chine. Néanmoins, les premières traces littéraires qui font références aux éventails se trouvent être japonaises. Il s’agit d’un dictionnaire datant du début du Xème siècle qui fait mention de deux types d’éventails, l’ogi et l’uchiwa. Ce sont tous deux deux éventails pliables assez classiques. D’autres textes datant du Xème siècle feront ensuite mention des éventails en Chine lorsqu’un de ces éventails sera offert à la cour comme cadeau.

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La démocratisation des éventails au Japon

Bien que les éventails furent utilisés dès le Xème siècle, il faudra attendre le XIIème siècle pour qu’ils se démocratisent à la cour japonaise et le XVème siècle pour le cas de la cour chinoise. Mais pendant de longues décennies il resta un objet très noble qui était utilisé dans le principal but de se donner un style raffiné et n’était que très peu utilisé pour sa fonction première : rafraîchir.

La période d’Edo

Bien que les éventails continuèrent à se populariser sur le territoire nippon au fur et à mesure que les siècles passèrent. Ce n’est réellement qu’à partir de la fin de l’époque d’Edo (1690-1868) lorsque le Japon s’est ouvert au reste du monde que l’artisanat des éventails se développa de manière conséquente. Il en résulta naturellement une plus grande production d’éventails sur le territoire, mais surtout une production d’une qualité supérieure et c’est elle qui bâtit peu à peu la réputation dont jouit aujourd’hui le Japon pour ses éventaillistes.

En revanche, là où les éventails sont restés des objets figuratifs en Chine, ils sont devenus de réels objets symboliques au Japon, représentant avec élégance les rayons du Soleil lorsqu’il se trouve ouvert.

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La fin de l’isolement japonais

Si les éventails ont mit autant de temps à se populariser au sein du pays c’est parce qu’il a longtemps été en période d’isolement, 250 ans environ. Les navires furent en effet interdits de quitter le territoire en 1641 et aucun n’étaient non plus autorisés à pénétrer sur les côtes nippones. À l’exception bien sur des navires marchands chinois et hollandais. Ce n’est qu’en 1853 que les navires militaires du commodore Matthew Calbraith Perry accostèrent au Japon. Par la même occasion le peuple japonais entrevu à quoi ressemblait la culture ainsi que le monde au delà de ses propres frontières pour la première fois.

La restauration impériale de Meiji qui eu lieu 15 ans plus tard en 1868 marqua un tournant décisif pour le Japon, mais par la même occasion pour son artisanat des éventails traditionnels. Ces objets furent en effet découverts en Europe et en Amérique et le Japon reçut alors une forte demande d’éventails provenant de ces pays jusqu’alors inconnus.

Après l’ouverture économique et politique du pays les artisans d’éventails japonais furent obligés de s’adapter. Par conséquent, ils innovèrent et retravaillèrent leur art en profondeur pour pouvoir proposer au reste du monde des pièces qu’ils n’avaient alors jamais façonnées. Ces éventails furent accueillis à bras ouverts dans les cultures occidentales et de très nombreux éventails furent ainsi exportés.

D’une manière générale cette ouverture du pays due à la restauration de Meiji aura été très bénéfique au marché des éventails pour au moins trois raisons. Premièrement, elle permit au Japon de se bâtir une solide réputation à l’échelle mondiale pour ses produits de qualité. Secondement, la forte demande que le Japon connut lui fût extrêmement rentable sur le plan économique. Finalement, les éventallistes innovèrent dans la conception de leur éventails et ils firent passer cet objet d’un statut plutôt décoratif jetable à une vraie pièce durable, raffinée et travaillée dans ses moindres détails.

L’influence de l’ukiyo-e

L’ukiyo-e est un courant artistique propre aux estampes japonaises et il se trouve qu’il contribua à l’essor des éventails japonais au sein du territoire. En effet, de nombreuses toiles ont représentées des éventails durant l’époque d’Edo et l’époque Meiji et cela influença le peuple au point de les inciter massivement à acheter ces objets alors encore uniquement figuratifs.

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Les différents types d’éventails

Comme mentionné plus haut il existe deux grandes types d’éventails assez distincts, les éventails pliables et les éventails écrans. Parmi les éventails pliables on retrouve principalement ceux avec une toile, ceux en plumes et finalement ceux que l’on appelle “éventails brisés” pour parler de ses lames qui ne sont pas directement liées entre elles.

L’éventail Hiogi

L’éventail principal qui fut le plus utilisé à la cour japonaise se trouve être l’éventail hiogi. C’est un éventail en bois de cyprès qui se caractérise par son grand nombre de planches de bois qui le compose, entre 34 et 38, et qui sont toutes reliées entre elles par une attache métallique. Cette attache métallique prend souvent une forme de papillon sur le devant de l’éventail et une forme d’oiseau en son dos. Seul l’éventail de l’impératrice possédait une attache faite en ficelle et en papier pour rendre plus agréable encore le toucher avec l’éventail. Finalement, la toile de l’éventail était ornée de motifs traditionnels comme des chrysanthèmes, des oiseaux ou des fleurs de cerisiers. N'hésitez pas à consulter l'article sur le hanakotoba si vous souhaitez en apprendre plus sur la signification des fleurs.

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L’éventail Gunsen

Le gunsen, également appelé tessen, est un éventail qui n’a rien à voir avec le hiogi ou même les autres types d’éventails puisqu’il s’agit d’un éventail utilisé en zone de guerre. Il était en effet utilisé par les généraux, les samouraïs ou les fonctionnaires de la cour comme un moyen de signalisation sur une zone hostile. Il était fait de douze planches de bois renforcées par une plaque en métal et contenait une indication précise sur sa face principale. Si les éventails de guerre vous intéressent n’hésitez pas à aller consulter notre article sur les armes des samouraïs, vous trouverez en numéro 9 un descriptif sur le tessen, un autre éventail de guerre qui était lui utilisé pour camoufler une arme dans son équipement. 

Bien d’autres éventails existent encore comme le gampi uchiwa qui est un éventail dérivé du secteur militaire utilisé pour la lutte entre sumos. Le rikiu ogi est lui un éventail utilisé lors de la cérémonie du thé pour servir des gâteaux. Enfin, il existe même de nombreux éventails destinés à être utilisés lors de représentations théâtrales comme au théâtre ou au théâtre Chukei.

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Ainsi on voit très nettement que l’éventail est un objet qui s’est démocratisé sur l’ensemble du territoire et qui a été adopté dans toutes les couches de la société japonaise. Il est d’ailleurs devenu un cadeau très répandu pour des occasions comme un mariage, une naissance ou le nouvel an. Même s’il reste un objet très féminin en Occident, l’éventail est au Japon également très prisé par la gente masculine. Ces petits objets importés de Chine il y a 1500 ans étaient à la base de vulgaires planches de bambous attachées ensemble et aujourd’hui de nombreuses pièces très détaillées et très raffinées ont été conçues par des artisans. Ils se marient également très bien avec des accessoires de toutes les cultures comme des bracelets ou même un collier main de Fatma.

Pour conclure, il ne serait pas exagéré de dire que les éventails sont des objets qui font partie intégrante de la culture japonaise traditionnelle. Ils ont su évoluer avec elle et ses traditions, traversant au fur et à mesure des époques toute les couches sociales et devenant ainsi un objet de raffinement à part entière qui a su par la même occasion séduire le reste du monde.