Les samouraïs, qui n’étaient qu’à l’origine de simples guerriers venus des provinces, arrivent au pouvoir au XIIème siècles et vont alors devenir une puissante caste militaire qui gouvernera le Japon pendant près de sept siècles. Servant alors avec loyauté leur daimyo (gouverneur de province) et soutenant pleinement l’autorité du shogun.
Les samouraïs seraient peut-être même encore au pouvoir si la restauration de Meiji n’avait pas eu lieu de 1868 et aboli le système féodal alors en place par la même occasion. Néanmoins, de nombreux samouraïs se reconvertirent à ce moment en hommes politiques modernes et conservèrent leur code d’honneur, le Bushido.
Les premiers samouraïs
Pendant la période de Heian (794-1185), les samouraïs étaient principalement les forces armées personnelles de riches aristocrates étant eux-mêmes propriétaires de nombreuses terres. La plupart de ces nobles fuyaient alors la cour impériale pour tenter de faire fortune à son propre compte. Littéralement, samouraï signifie “ceux qui servent”.
Cependant, le pouvoir politique se dispersa peu à peu de la cour envers les différents clans de samouraïs qui contrôlaient alors le pays sous quatre factions distinctes. Deux d’entre-elles, les Taira et les Minamoto, s’affrontèrent dans la guerre appelée guerre de Genpei (1180-1185) pour le contrôle de l’État japonais.
La prise de pouvoir des samouraïs à Kamakura
Minamoto no Yoritomo, alors shogun du Japon, établit le siège du gouvernement décisionnel du pays à Kamakura, là où il résidait, et transféra par la même occasion tout le pouvoir politique aux samouraïs. Étant donné que les samouraïs étaient également sa principale force de pouvoir militaire et que c’est eux qui lui permettaient de régner sur le pays, il se devait de les sélectionner avec soin et par conséquent aucune personne ne pouvait aspirer à devenir samouraï sans son approbation.
Le bouddhisme qui fut introduit quelques siècles auparavant par la Chine intrigua par ailleurs de plus en plus de samouraïs de part ses rituels religieux simples et austères. Beaucoup d’entre eux apprécièrent cette forme de salut intérieur que proposait le bouddhisme et qui complétait bien leur code d’honneur personnel, le Bushido. Le sabre des samouraïs prit également une importance cruciale durant la période de Kamakura (1185-1333) où son procédé de fabrication et ses détails devinrent une vraie forme d’art en soi.
L’affaiblissement de Kamakura
Le shogunat de Kamakura sera fortement endommagé suite aux deux attaques mongoles menées par la Chine au XIIIème siècle et Ashikaga Takauji en profitera pour organiser une rébellion au sein du pays. Il remportera cette rébellion et accédera au pouvoir en 1336. Cependant, le shogunat d’Ashikaga ne réussi jamais pas à instaurer la paix dans le pays tel que le faisait le shogunat de Kamakura et le Japon connut alors deux siècles de guerres incessantes. Il perdit réellement son autorité centrale du pays après la guerre d’Onin (1467-1477) et de nombreux clans rivaux s’opposèrent alors dans de petites guerres de territoires.
Malgré les nombreux troubles politiques et les querelles belliqueuses entre clans rivaux, cette période connue sous le nom de période de Muromachi (1336-1573) fera émergée les très nombreuses formes d’arts culturels du pays tel que la cérémonie du thé, l’ikebana, les jardins zen, les estampes et même le théâtre.
Le shogunat de Tokugawa
La guerre sans cesse menée sur le territoire japonais, appelée Sengoku-Jidai, prit finalement fin en 1615 grâce à la mise au pouvoir du shogunat de Tokugawa (époque d’Edo 1603-1868). Cette date marquera alors le début d’une période de 250 ans de paix pour le pays et pour la première fois les japonais régnèrent sur le pays à l’aide de moyens civils et non militaires. Les samouraïs diversifièrent par ailleurs leur développement personnel en y ajoutant, en plus de leur formation au maniement du sabre, tout type de pratiques plus intellectuelles et spirituelles comme les haïkus ou l’apprentissage de la politesse tant prônée dans la culture japonaise. Nous assistons alors là à la création de vrais guerriers poètes.
Le code de conduite des samouraïs, le Bushido, fut également adopté par l’ensemble du pays et éclipsa par la même occasion la religion bouddhiste jusque là très présente. Il mettait alors en avant des valeurs nobles comme l’honneur, le courage, mais également le respect des aînés. Voici les sept vertus du Bushido :
- Droiture
- Courage
- Bienveillance
- Politesse
- Sincérité
- Honneur
- Loyauté
Même si les samouraïs restèrent de grands combattants, une majorité d’entre eux furent contraints de travailler dans des bureaux ou de trouver un emploi plus traditionnel de part le pacifisme présent sur l'ensemble du pays. Cependant, ils ne s’intégrèrent pas réellement aux habitants et pour cause, en 1588 ils étaient les seuls autorisés à porter une lame en marque de privilège ce qui les différenciait clairement du reste de la population. Hélas, la fortune de nombreux samouraïs déclinèrent durant la période Tokugawa car les allocations versées depuis les propriétaires terriens diminuèrent petit à petit.
La restauration de Meiji et la fin de la féodalité au Japon
Bien qu’aucune guerre ne se déroula pendant longtemps dans le pays, cela ne l’empêcha pas sa politique et sa direction de se fragiliser de l’intérieur, notamment à cause de famines qui frappaient le pays. La venue du commodore Matthew C. Perry de la marine américaine en 1853 et l’ouverture du Japon au commerce international en 1858 avec la France, la Grande-Bretagne, la Russie, le Hollande et les États-Unis feront achèvera finalement la suprématie du shogunat de Tokugawa. Cette décision ne fut en effet pas approuvée par tous et particulièrement les samouraïs qui demandèrent la remise en place du pouvoir de l’empereur.
Le shogunat de Tokugawa sera finalement renversé par l’unification des deux puissants clans Choshu et Satsuma qui annoncèrent alors une “restauration impériale” en l’honneur de l’empereur Meiji en 1868. Le féodalisme sera aboli par la même occasion en 1871 ainsi que le port du sabre pour les samouraïs, réservé alors à l’armée nationale du pays. Les samouraïs perdirent alors de nombreux privilèges comme leurs allocations ce qui aboutit à de multiples rébellions de leur part. Hélas, aucune ne sera assez puissante pour venir renverser le système alors mit en place. On assistera alors à de nombreux seppuku de la part des samouraïs mais aussi à la création de groupes ultra-nationalistes et de sociétés secrètes comme la Black Dragon Society.
Ce qui est plutôt ironique dans cette restauration de Meiji, c’est que ce sont d’anciens samouraïs qui abolirent les samouraïs d’antan de la période féodal pour devenir des leaders de la société japonaise moderne qu’elle allait alors tendre à devenir.
Le Japon moderne
Le Bushido continua d’évoluer au Japon comme code moral dominant de la même manière que le shintoïsme continua d’être la religion culturelle du pays. Le Japon renforça peu à peu sa puissance militaire mais également ses relations internationales comme son alliance militaire avec la Grande-Bretagne. À la fin de la Première Guerre Mondiale le Japon était alors considéré comme l’une des cinq plus grandes puissance mondiale avec la France, l’Italie, les États-Unis et la Grande-Bretagne.